Entre 2007 et 2025 la France aura perdu 1 médecin généraliste sur 4

29 Juin 2016

Malgré le plan d’aides financières dédiés à l’installation, la France manque toujours de médecins généralistes. Entre 2007 et 2016, leur nombre a diminué de 8,4%, d’après le rapport publié dans l’atlas de démographie médical du Conseil Nationale de l’Ordre des Médecins.

Cette chute « inexorable » et « préoccupante » est liée au non-remplacement d’une partie des départs à la retraite et elle devrait se poursuivre jusqu’en 2025 avec la « la perte d’un médecin généraliste sur quatre sur la période 2007-2025 », estime l’ordre.

Une pénurie qui touche aussi bien les « déserts médicaux » dans les territoires ruraux, que les zones urbaines. Entre 2007 et 2016, l’ensemble des départements français -excepté la Savoir qui gagne 1% et la Loire Atlantique n’enregistrant pas de baisse – ont enregistré une chute du nombre de médecins par rapport à la population. Paris et la Nièvre sont les plus touchés, enregistrant une perte d’un quart de leurs médecins généralistes au cours de cette période.

« Il n’y a pas un département, pas un canton qui ne rencontre pas de problèmes pour trouver un remplacement de médecin de campagne », a souligné, mardi 31 mai, François Baroin, le maire (Les Républicains) de Troyes et président de l’Association des maires de France (AMF).

Des « appâts » qui ne suffisent pas

Locaux flambants neufs, exonération de loyer, prime à l’installation de plusieurs milliers d’euros, les élus ne lésinent pas sur les moyens pour assurer à leurs habitants un accès aux soins. A ces aides locales, viennent s’ajouter celle mises en place par l’État et l’Assurance maladie, qui a annoncé réfléchir à la mise en place d’une prime forfaitaire de 50 000€ pour les praticiens s’installant dans des zones en sous effectifs.

Mais ces « appâts » que proposent les élus sont insuffisants. Dans un petit village de la Drôme, le maire propose en vain depuis 2 ans de louer gracieusement un local qui viendra remplacer le généraliste actuel de 70 ans, souhaitant prendre sa retraite. « Notre médecin était super, on pouvait l’appeler le dimanche, au milieu de la nuit, on ne retrouvera plus ça, reconnaît l’élu. On est en rase campagne, pour faire de l’argent chez nous, il faut faire plus de 60 heures par semaine et ça, les jeunes praticiens ne le veulent pas. »

Aujourd’hui les jeunes médecins ont des aspirations différentes et souhaite exercer leur métier autrement, notamment en ne négligeant pas leur qualité de vie professionnelle et personnelle :

Où va travailler mon conjoint ? Est-ce que j’aurai une école pour mes enfants ? S’ils permettent de libérer des tracas de l’installation, les avantages en nature ne font pas tout. Ce n’est pas parce qu’on donnera 40 000 euros à un médecin désireux de travailler en ville qu’il ira s’installer au fin fond d’un département rural », explique Emilie Frelat, la présidente du Syndicat national de jeunes médecins généralistes (SNJMG). Signe de cette désaffection pour l’exercice libéral, en neuf ans, le nombre de généralistes choisissant d’être salariés a augmenté de 5,3 %.

Les maisons de santé ne font pas tout

Si pour certains élus, la construction de maisons de santé représente le meilleur moyen d’attirer les médecins, cela ne fait pas tout. A Villers-Pol, une petite commune du Nord de 1260 habitants, le maire n’a toujours pas trouvé de médecin pour occuper la maison médicale qu’il vient de rénover pour 250 000 euros.

Une recherche infructueuse, donnant lieu à des pratiques abusives de la part de certaines structures. « J’ai eu des vendeurs de médecins qui me garantissaient un médecin sous quinze jours pour plusieurs milliers d’euros, et me le remplaçaient s’il ne convenait pas, j’ai refusé », raconte le maire de Villers-Pol.

L’ordre des médecins a donc rappelé que les maisons médicales ne sont pas la solution miracle. « Une page a été tournée, il n’y aura plus un médecin par commune », prévient Patrick Romestaing, l’un des vice-présidents du CNOM. Soulignant les « limites » et les « effets d’aubaines » que peuvent engendrer les aides financières, il appelle à mettre fins aux « mesurettes » au profit d’une « vaste réforme » du système.

Sources:
www.lemonde.fr/sante/

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